Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah: "Si Ghazwani tient à marcher sur les traces de son ami Aziz, qu’il le fasse, mais avec une gomme à la main"
Le Calame - Dans cette interview, la première depuis plus d’un an, Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah revient sur les raisons de son soutien à Mohamed Ould Ghazwani, l’héritage laissé par Ould Abdel Aziz à son successeur, les élections au Comité olympique mauritanien et la guerre commerciale entre les USA et la Chine.
Le Calame : Vous avez décidé de soutenir le candidat du pouvoir, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazwani. Peut-on savoir les raisons de ce choix ? Et quelle analyse faites-vous de l’héritage de Ould Abdel Aziz à votre candidat s’il venait à être élu président de la République ?
Mohamed Mahmoud Ould Mah : Je n’ai pas eu l’honneur de connaître de façon directe le candidat Mohamed Ould Ghazwani ; je ne l’ai rencontré qu’une seule fois, alors que nous prenions un avion entre Casablanca et Nouakchott. De ce court temps et de ce j’en connais à distance, j’ai eu la conviction que je soutiens un homme qui est à la fois patriote, bien éduqué et respectueux des autres. Ses qualités humaines et professionnelles font de lui un bon candidat à l’élection présidentielle et je lui souhaite bonne chance.
Comme vous, j’ai appris que Mohamed Ould Abdel Aziz a quasiment constitué seul le directoire de la campagne du candidat que je soutiens et ce, du Directeur de la campagne jusqu’aux Ministres membres du gouvernement.
J’aurais souhaité voir un directoire panaché, reflétant tous les soutiens du candidat, comprenant ceux qui ne soutenaient pas Mohamed Ould Abdel Aziz, mais les déclarations du candidat, que j’ai toujours en mémoire me rassurent : «une longue amitié me lie à Mohamed Ould Abdel Aziz, mais Mohamed Ould Ghazwani n’est pas Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas Mohamed Ould Ghazwani ».
N’ayant pas eu l’honneur de faire partie du directoire, je peux néanmoins lui adresser le conseil suivant : s’il tient à marcher sur les traces de son ami qu’il le fasse, mais avec une gomme à la main.
Par contre, je connais mieux Monsieur Sidi Mohamed Ould Boubacar à plus d’un titre : un patriote compétent, intègre, bien éduqué lui aussi et respectueux des autres. Il a tardé à se porter candidat et quand il l’a fait, j’avais déjà apporté mon soutien à Mohamed Ould Ghawzani, néanmoins, je lui souhaite, lui aussi, bonne chance.
S’agissant de Mohamed Ould Abdel Aziz, il n’a épargné aucun effort pour faire un 3ème mandat en dépit de ses déclarations. Peut-être, il ne recherche pas le pouvoir pour le pouvoir, mais le pouvoir pour sécuriser l’énorme fortune qu’il a accumulée en sa qualité de chef d’Etat.
Il a habilement fait jouer les Mauritaniens les uns contre les autres ; jamais les tensions ethniques et sociales et l’insécurité n’ont été aussi exacerbées que sous sa présidence. Force de reconnaitre que les Mauritaniens, occupés dans un antagonisme inter et intra tribal et ethnique, lui ont facilité la tâche. Son héritage sera très lourd:
1°/ Ould Abdel Aziz lui-même : Il sera difficile pour le futur président de mettre le pied quelque part sans trouver Ould Abdel Aziz devant lui y compris les entreprises étrangères qui se sont installées chez nous et ce, quelle que soit la forme de cette installation, elles pourront toujours produire un quitus appartenant à la période de Ould Abdel Aziz.
L’Etat mauritanien est complètement déplumé ; toutes les sociétés, les banques, etc… ont été bradées à des intérêts étrangers associés chaque fois à des intérêts privés nationaux proches du pouvoir. Il en est ainsi de la télévision nationale dont les terrains sont passés du domaine public au domaine privé, encore une fois à des intérêts privés nationaux proches du pouvoir, alors qu’une telle opération nécessite une loi.
Ce bradage complète ceux qui l’ont précédé dans cette même partie de la Capitale : une bande de 700 x 49 m, représentant le Nord du Stade Olympique ; le Sud de l’Ecole de Police et l’Ouest du Palais des Congrès.
On comprend dès lors, que le choix du nom du premier président de la République, Maître Mokhtar Ould Daddah, rahimahoullah, donné à la plus belle avenue de la Capitale que traverse ce magnifique carrefour (Stade Olympique, TV nationale, Ecole de Police Nationale, Palais de Congrès) n’est pas innocent.
La dernière liquidation, qui a suivi celle de la TV nationale et des terrains qui l’entourent, est celle du fleuron et l’orgueil de notre pays, la SNIM dont le dernier gisement naturellement riche en fer, celui de Fdérick, vient d’être cédé à des intérêts australiens et privés nationaux, comme toujours, proches du pouvoir.
On peut donc considérer, sans risque de se tromper, que la Snim est désormais liquidée, du moins virtuellement. Ses futurs propriétaires seront sans doute les mêmes, avec le même pourcentage (20% pour elle et 80% pour les australiens et les privés nationaux proches du pouvoir). Après la TV nationale et la SNIM, notre pays, la Mauritanie, tel un immense incendie, achève de se consumer lentement, mais sûrement.
Sans attendre le Jugement Dernier comme nous l’enseigne notre Saint Coran, nous dévoilons, à notre tour, ce que nous avons dans nos cœurs :
يَوْمَ تُبْلَى السَّرَائِرُ فَمَا لَهُ مِن قُوَّةٍ وَلا نَاصِرٍ
«Le jour où les cœurs dévoileront leurs secrets. Il n’aura alors ni force ni secoureur». Sourate 86, versets 9 et 10.
2°/ Une dette publique de 100 % du PIB : Le futur président héritera également d’une dette égale à 100 % du PIB, l’une des plus grandes du monde, alors que Ould Abdel Aziz a hérité, lui, d’une dette quasiment nulle à sa prise du pouvoir. S’il est le 8° sur la liste des présidents le mieux payés du monde (Trump le 4° rang, sans aucun arabe ni aucun africain dans les 10 premiers), il faut croire qu’il occupe le même rang parmi les présidents les plus endettés.
Le 3ème héritage, non moins grave qui aurait pu être le second devant la dette, concerne Cheikh Ridha, le marabout du Président qui le protège de façon permanente par des éléments de sécurité, police et gendarmerie.
Personnellement, je suis curieux de savoir comment ce marabout est-il parvenu à connaître les déterminants de certains achats et de certaines ventes de biens sur un marché dépourvu de toute concurrence pure et parfaite, pour arnaquer (il n’y a un autre mot pour qualifier ce qui s’est passé) les Mauritaniens pour 73 milliards d’UM selon la presse.
Est-il utile de rappeler que les prix sont de trois sortes :
1°/ Un prix normal résultant d’une négociation entre le vendeur d’un bien destiné à la vente et un acheteur qui cherche précisément à acheter ce bien, sur un marché ou dans une boutique. Le résultat de cette négociation s’appelle un prix normal.
2°/ Il y a deux autres prix qui n’ont rien de normal :
Un prix bien au-dessous du prix normal : un bien volé ou un bien bradé pour d’autres raisons ; il peut s’agir dans ce cas, d’une personne honnête qui doit se libérer d’une dette par exemple, ce prix très bas détermine l’achat de ce bien par une personne qui n’avait pas du tout l’intention d’acheter, mais c’est le prix très bas qui l’a poussée à acheter.
Le second prix qui n’est pas normal, non plus, est un prix très élevé qui va décider le propriétaire d’un bien à vendre ce bien alors qu’il n’en avait pas l’intention, mais un très bon prix va décider le propriétaire à vendre. Pour le cas qui nous intéresse, par exemple, une belle villa bien située que quelqu’un vient de construire pour lui-même, pour sa famille. Les courtiers du marabout vont lui proposer 120 millions alors qu’elle ne lui a coûté que 50 millions.
Donc un prix très élevé va décider quelqu’un à vendre un bien qu’il n’avait pas du tout l’intention de vendre. Un jour les courtiers qui voulaient susciter les mauritaniens à vendre ont annoncé l’intention du marabout de ne plus acheter en donnant une date boutoir de 3 ou 4 jours par exemple ; les offreurs de maisons se sont rués sur les points d’achats jusqu’à 3 h ou 4 du matin.
Le marabout cède ces maisons, achetées très chères, à des prix très bas par rapport au prix d’achat qui ne sera pas acquitté bien sûr. Il faut croire, et c’est même certain, que certains acquéreurs finaux avaient mis leur doigt sur telle ou telle villa de la Capitale, bénéficiant de tous les avantages, situation, esthétique …etc.
Le futur président quelle que soient ses relations avec Ould Abdel Aziz, est tenu de s’attaquer en priorité à cette affaire.
Le 4°/ élément de l’héritage que M. Ould Abdel Aziz laisse au futur président est relatif à la gestion commune du gaz par la Mauritanie et le Sénégal sous l’égide de la France. Déjà, avant même que l’exploitation ne commence, tous les effets induits profitent au Sénégal pour diverses raisons dont le choix du personnel étranger et pour d’autres motifs dont le climat et les goûts épicuriens des expatriés. Il y a lieu de noter qu’il s’agit d’une première. De mémoire, je ne connais pas de cas semblables.
S’agissant d’un plat de riz au poisson, et pour l’avoir fait plusieurs fois, les Sénégalais mangent très correctement; je ne sais pas s’il en sera de même, s’agissant de l’exploitation commune d’un gisement de gaz.
En renouvelant le 27 avril l’organe directeur du Comité National Olympique que vous présidez depuis 1996, vous avez décidé de passer la main à l’un de vos présidents de fédérations nationales sportives, celui du cyclisme, que vous avez soutenu et qui vient de réaliser un brillant tour du Sahel que Canal+ a passé durant la mi-temps du quart de final de la Coupe d’Europe de Clubs Champions : Barça contre Liverpool.
Cette élection a fait l’objet d’une importante campagne où tous les notables et personnalités ont été sollicités. Est-ce qu’on peut avoir l’impression, cette fois du Dr. Mohamed Mahmoud Ould Mah qui n’est plus Président du Comité National Olympique ?
Oui j’ai décidé de passer la main, mais j’aurais voulu le faire plutôt, en 2011 et 2015 ; chaque fois que je manifeste l’intention de partir, le candidat du pouvoir, au lieu de s’occuper de sa campagne et de son programme, s’attaque plutôt à moi et à ma gestion, je décide alors de rester, car je trouve désobligeant de s’attaquer à quelqu’un qui compte partir.
En 2019, j’ai décidé de quitter, quel que soit le comportement du ou des candidats, mais comme notre président, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, j’ai le droit de soutenir un candidat, à la différence que rien ne m’interdit, moi, de me représenter alors la Constitution l’interdit à Ould Abdel Aziz. Le candidat que j’ai soutenu a été élu président du Comité National Olympique et Sportif Mauritanien (CNOSM).
Il a organisé brillamment le Tour du Sahel que Canal+ a fait passer pendant la mi-temps des quarts de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions (le Barça contre Liverpool), seule la Coupe du Monde de Football réunit un public plus important. Ni lui, et moins encore les autorités mauritaniennes, n’ont payé une quelconque publicité pour ce passage sur Canal+.
Avaient participé à ce Tour du Sahel, les pays du Maghreb et certains pays de la zone II (Mali, Sénégal, Guinée Conakry, Gambie) et deux coureurs français.
Il est à noter que le candidat que je soutenais n’était pas soutenu par le pouvoir bien qu’il entretient avec lui d’excellentes relations ; le pouvoir pense certainement que sa victoire équivaudrait à mon maintien.
Je voudrais dire ici, surtout à ceux qui ne le savaient pas que ne suis pas un parachuté dans le domaine du sport que j’ai pratiqué à un niveau élevé :
Vice-champion d’AOF 1000 m cadets scolaires et universitaires, Dakar 1957 ;
Champion du Sénégal du 1500 m junior civil 1958, Thiès ;
Finaliste d’un 50 m nage libre scolaires, Saint Nazaire, France 1958 ;
Nageur classé par la Fédération française de natation ;
Capitaine de l’équipe de football du Lycée Faidherbe de Saint Louis 1957-58;
Président de la Fédération Mauritanienne de Football, j’ai amendé le bureau exécutif de la FIFA en 1986 à Mexico lors du congrès de cette association à l’occasion de la Coupe du Monde de Football, pour que la représentation de l’Afrique passe de 3 équipe à 5, l’amendement emporte une large majorité des votes (amendement Ould Mah, Congrès FIFA 1986, Mexico) notre compatriote feu Ba Mahmoud rahimahoullah, ambassadeur à Abidjan a rapporté des exemplaires de Fraternité matin d’Abidjan. On pouvait lire à la une : «l’honneur du football africain défendu par le président de la fédération mauritanienne de football à Mexico».
Je saisis cette occasion pour porter à la connaissance de vos lecteurs, ceux qui ne le savent pas, les éléments d’information suivants :
«Le Président du CNOSM, le Dr. Med Mahmoud Mah a surtout triomphé d’avoir résisté, ces 20 dernières années, à l’ensemble des ministres chargés des sports, qui lui ont tous, sans exception, fait la guerre, à un moment ou à un autre». Cheikh Haïdara, l’Authentique.
Contrairement à nos prédécesseurs, notre Comité National Olympique n’a jamais bénéficié d’une subvention de l’Etat, et jusqu’ici on a fonctionné avec les subsides de la Solidarité Olympique qui sont accordés à tous les Comités Olympiques. Nous étions quasiment le seul Comité qui ne reçoit pas de subvention de son gouvernement.
Cependant, la Ministre chargée des sports a promis une subvention au nouveau comité élu, en le recevant.
Aux Jeux Olympique de 2012, à Londres, la Ministre, après nous avoir donné un chèque, a retiré les fonds du Ministère au Trésor. Quand nous nous sommes présentés, il n’y avait plus de provisions. Heureusement que le Trésorier Général et le Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie ont décidé d’intervenir pour payer cependant le chèque et permettre ainsi à notre délégation de se rendre à Londres.
Aux jeux Olympiques de Rio/ Brésil 2016, nous sommes la seule délégation (10 personnes) qui n’a pas reçu de subvention de son gouvernement à ces jeux olympiques.
Nos autorités aiment souvent comparer ce qui se passe chez à ce qui se passe les voisins ; au moment où le Président du Sénégal remet le drapeau au chef de la délégation (30 personnes) et donne un chèque d’un montant de 460 millions d’UM en plus des équipements, pendant que notre président, lui, ne sait même pas si nous sommes partis ou restés.
En ma qualité de président de la Fédération mauritanienne de tir, je ne reçois pas de subventions du ministère, contrairement aux autres fédérations.
Pourtant l’Etat prend beaucoup d’argent (par milliards) au nom du sport, sans compter le budget du Ministère, mais cet argent ne va pas au sport, à l’exception du football qui est certes un sport roi, mais dans un Etat il n’y a pas qu’un seul sport. Le pays est tenu, dans la mesure de ses moyens, de mettre à la disposition des citoyens le sport de leur choix.
Pour ceux qui ne le savent pas, et ils sont nombreux, la Mauritanie ne fête pas la journée internationale du sport votée par les Nations-Unies, le 6 avril de chaque année. Par contre, toutes les autres journées internationales sont fêtées chez nous.
Est-il utile de rappeler que le gouvernement est le premier destinataire de la Lettre du Secrétaire Général des Nations-Unies. Le gouvernement fête une journée nationale du sport, le 1er dimanche de chaque mois d’avril ; pour la première fois cette année, les 2 journées ont coïncidé le 6 avril. De toute façon, les fédérations participent chaque fois à la journée nationale et à la journée internationale quand elles n’ont pas eu lieu le même jour.
Comme nous en avons pris l’habitude, l’une de nos trois questions s’adresse toujours à l’économiste. Trump a déclaré une guerre commerciale à la Chine, allant jusqu’à considérer que la société chinoise ‘’Huawei’’ constitue une atteinte à la sécurité nationale américaine. Nos lecteurs aimeraient bien connaitre les dessous de cette guerre commerciale.
Monsieur Trump déclare la guerre à tous les pays et tient à déterminer les conditions de l’armistice en négociant 2 à 2 avec chaque pays. Un combat entre 2 personnes dont l’une est plus forte que l’autre, si personne ne viendrait au secours de la personne faible, l’issue du combat est connue d’avance ; ce n’est pas pour rien que les règles de la boxe consistent à faire boxer les adversaires selon le poids, un match opposant un poids lourd à un gringalet, ses résultats sont connus d’avance et ils n’intéressent personne.
Comme nous l’avons dit plus haut, Monsieur Trump déclare la guerre à tout le monde : à l’Europe, à l’Union Soviétique, aux pays liés aux USA par des accords de libre échange (le Mexique et le Canada) et surtout à la Chine et au Japon où il séjourne actuellement et où il a eu le privilège d’être le premier chef d’Etat à visiter le nouvel empereur, en faveur de qui l’ancien a abdiqué. La coïncidence n’est pas innocente.
Il est à noter que les balances commerciales du Japon et surtout celle de la Chine, sont excédentaires dans leurs transactions commerciales avec les USA. Trump cherche à diminuer les excédents de la Chine et du Japon.
Trump est un adepte de l’école mercantiliste. Les mercantilistes pensent que la meilleure politique pour une nation est celle du marchand qui, en vue de s’enrichir, cherche à vendre plus cher ce qu’il achète bon marché.
La nation mercantiliste considère les autres nations comme des concurrentes et essaie de ruiner leur commerce par tous les moyens dont les droits de douane élevés, les mercantilistes sont partisans d’un Etat fort, l’échange doit profiter à une partie au détriment de l’autre, ils ne sont pas partisans de la formule gagnant-gagnant, celle du libéralisme économique ou l’échange profite à tout le monde, à toutes les parties ; l’avantage, s’il n’est pas absolu, il peut être relatif. Souvenons-nous des conseils de Machiavel au roi pour se maintenir au pouvoir : «un Etat fort, des citoyens pauvres».
Mais Trump ne peut rien contre une main d’œuvre chinoise considérable et bon marché, les termes de l’échange ne lui sont pas favorables. En ce qui concerne ‘’Huawei’’, les chinois appliquent une technologie G5 qui leur assure une avance sur les USA de 2 à 3 ans, ce qui ne peut pas convenir à Trump qui prône le slogan ‘’America first’’, l’Amérique d’abord. ’Huawei’’ est un exemple type d’innovation technologique entre plusieurs pays, la Chine achète pour 70 milliards de dollars d’inputs, les composants qui entrent dans la fabrication de ‘’Huawei’’.
La Chine aurait pu fabriquer tous les composants qu’elle achète chez les autres, mais dans ce cas elle se couperait du monde occidental et ne peut plus profiter de ses progrès technologiques, par exemple de très bonnes relations avec Google et Google n’est satisfaite de la politique de Trump à l’égard de la Chine, car le progrès technique est le premier déterminant de la croissance économique.
Les Chinois, comme tout innovateur savent que leur avantage d’innovateur n’est que provisoire, temporaire, car l’innovation s’importe, s’imite. L’innovateur sera rejoint, mais il n’avait pas croisé ses bras, il est déjà sur une autre innovation, parce qu’il sait qu’il va être atteint. Comme le coureur qui mène une course redémarre dès qu’il est rejoint par ses poursuivants.
Mais nous ne devons pas perdre de vie que derrière cette guerre commerciale se joue la course pour la première puissance économique du monde entre les USA et la Chine. Pour un cercle très limité de spécialistes qui suivent cette course, la Chine est déjà en tête, mais elle ne le dit pas et Trump le sait très bien depuis que la Chine a fait atterrir sur la face cachée de lune un engin.
C’était une première. Encore une fois, Google et les autres sociétés américaines ne sont pas satisfaites de cette guerre commerciale menée par Trump contre la Chine, elle rappelle la guerre froide, elle constitue un frein à la diffusion du progrès. Trump prône une politique de repli sur soi, au moment où seulement 6% des sociétés américaines installées en Asie manifestent le désir de revenir aux USA.
Dans cette guerre la Chine a deux atouts majeurs contre lesquels Trump ne peut rien : le premier atout c’est cette main d’œuvre chinoise considérable et bon marché, le 2° atout non moins important, est constitué par cette possibilité qu’a la Chine de modérer les excès de liberté de sa population au profit d’un dirigisme d’Etat qui oriente le type et le niveau de la croissance du développement économique choisis.
En réalité, Trump est en campagne électorale ; les élections du 2° mandat sont prévues l’année prochaine, il fait monter les enchères sur le plan de l’immigration et de l’islamophobie, il prépare sa réélection à tout prix.
Après cette guerre commerciale contre l’Europe, le Mexique, le Canada, le Japon et surtout la Chine, il présentera dans quelques mois des chiffres à l’appui ; les gains issus de cette guerre commerciale et les incidences positives de cette guerre sur la balance commerciale des USA.
C’est pourquoi, on constate comment Trump ignore les démocrates, pourtant majoritaires à la Chambre des représentants ; à chaque décision prise contre lui ou contre l’Arabie Saoudite ou contre la guerre au Yémen ou l’assassinat du journaliste Khashoggi Jamal, Trump oppose son véto jusqu’aux élections. A ce jeu il risquerait très probablement d’être réélu. Les sondages lui accordent déjà 50%.
Propos recueillis par AOC
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