MAURITANIE : BOUAMATOU SE RAPPROCHE DES FRONTIÈRES DE SON PAYS



Voilà maintenant neuf ans que Mohamed Ould Bouamatou vit loin de son pays, officiellement pour des soupçons de corruption et de financement illégal de l’opposition. En réalité, en exil politique. En juillet 2019, Mohamed Ould Abdelaziz, putschiste reconverti en président a dû céder le pouvoir à l’un de ses bras droits, le Général Mohamed Ould Ghazouani. Contre toute attente, ce dernier s’est inscrit dans une politique d’ouverture qui s’avère très favorable au retour des exilés politiques.


Est-il temps pour Mohamed Ould Bouamatou de rentrer au pays natal ? Le cours des évènements en Mauritanie laisse penser que ce jour où il foulera à nouveau le sol mauritanien n’est plus bien loin. En 2010, ce riche banquier avait dû quitter son pays pour échapper aux poursuites judiciaires farfelues de son cousin et président Mohamed Ould Abdelaziz. Ce dernier l’accusant de corruption et de financement illégal de l’opposition. En vrai, l’homme d’affaires devenait un obstacle à la pérennité de son pouvoir du fait de son poids politique de plus en plus important.
Contraint à l’exil, Mohamed Ould Bouamatou n’a pas abandonné pour autant le combat pour la démocratie et le développement dans son pays. Depuis le Maroc, puis la Belgique, il a financé de nombreuses organisations humanitaires et lancé la Fondation pour l’Egalité des chances. Mais le besoin de retourner en Mauritanie pour impacter davantage la vie des populations était toujours vivace chez lui.
En juillet 2019, une lueur d’espoir va poindre dans la vie de ce philanthrope quand la Mauritanie élit un nouveau président. Bien que très proche de son prédécesseur, Mohamed Ould Ghazouani marque une franche rupture d’avec Abdel Aziz. Il lance le pays dans une transition démocratique que la communauté internationale déguste avec modération depuis plusieurs mois.

Un retour en grâce de Mohamed Ould Bouamatou

Après avoir fait libérer des prisonniers d’opinion, ouvert les portes du palais présidentiel et les médias aux opposants, le sécurocrate a donné des motifs d’espoir aux exilés politiques. Parmi lesquels Moustapha Ould Limam Chafi, un conseiller de l’ombre chargé des « bons offices » auprès de plusieurs chefs d’Etat d’Afrique francophone, et l’entrepreneur Bouamatou.
Ce dernier a été honoré, avec d’autres grands patrons, fin décembre dernier, pour ses investissements en Mauritanie. Par cet acte, Nouakchott réhabilite Bouamatou et ouvre la voie à son retour au pays natal. Ce retour est d’ailleurs réclamé par la population, qui a manifesté devant le palais présidentiel, le 13 décembre 2019.
Dans la foulée, le ministère des pêches et de l’économie maritime a ordonné la levée des mesures restrictives frappant sa Générale de Banque de Mauritanie (GBM) aujourd’hui gérée sa fille Leïla Bouamatou.
Doit-on y voir une manière de dénouer progressivement le nœud autour du cou de Bouamatou afin d’annoncer la fin des poursuites contre lui ?

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