Le Calame - La question taraude bon nombre de mauritaniens depuis quelques jours. Les soignants en première ligne.
Et le docteur Nedhirou, notre actuel ministre de la Santé qui se battait sur tous les fronts médiatiques, s’est mis en quarantaine à la nouvelle qu’un de ses directeurs venait d’être testé positif. Le virus invisible que nous croyions avoir vaincu, il y a quelques semaines, a déjoué tous nos plans, choisissant, lui, de frapper fort : quarante nouveaux cas en quelques trois jours, 81 en tout !
Et cela n’est pas près de s’arrêter. Premier pic le 16 Mai, avec 11 cas en un seul jour ! On dirait que le ciel est tombé sur nos têtes. 4 décès, 6 guérisons déclarées, 472 personnes en quarantaine. Chaque jour nous apporte son lot de malheurs. « Très inquiétant ! », entend-on partout dire.
Légitime préoccupation d’un peuple à qui l’on avait vite chanté et proclamé la victoire, avant même de commencer la guerre contre cet ennemi invisible. Nombre de zélés s’extasiaient de ce que la Mauritanie était devenue un modèle dans la lutte contre le COVID, quand les autorités sanitaires déclaraient zéro cas sur toute l’étendue du territoire national. Alors, que s’est-il passé ? Quel ressort s’est-il cassé, alors que nos frontières aériennes, maritimes et terrestres sont réputées hermétiquement fermées depuis Mars ? La communication a-t-elle précédé les faits ?
Relâchement ou mauvaise communication ?
Si, au plan sanitaire, les soignants n’ont tous cessé de rappeler, tout comme d’ailleurs le président de la République, que la vigilance doit rester de mise, du côté de la communication politique, les responsables ont pêché par excès d’optimisme ou ignorance des ressorts dont dispose le virus.
Le ministère de la Santé donnait chaque jour un bulletin un peu laconique, sans détails, notamment sur la traçabilité des personnes atteintes et les personnes-contacts. Rares sont donc aujourd’hui les mauritaniens informés du protocole médical suivi par les personnes guéries : chloroquine et azythromycine associées à d’autres médicaments. Les conditions du confinement en hôtel ou auberge, ou encore la situation des malades hospitalisées à l’ancien hôpital Sabah ont jeté le trouble depuis le décès de la dame arrivée par le vol d’Air France du 16 Mars dernier.
Personne n’a compris comment les soignants n’ont-ils su distinguer, quatorze ou quinze jours durant, si cette dame souffrait du COVID19 ou d’une maladie chronique. Sa mort en ambulance continue d’interroger les Mauritaniens, toujours en attente des résultats de l’enquête annoncée par le ministère de la Santé. L’accueil des patients présumés porteurs du virus laisse par ailleurs à désirer.
Comment se peut-il que des patients se fassent trimballer, d’une clinique privée à une autre ou d’un centre d’un centre hospitalier à un autre, sans jamais trouver une oreille attentive ni qu’un seul médecin ne réussisse à détecter leur maladie, alors qu’ils semblent en présenter des signes inquiétants ? Le premier réflexe ne devrait-il pas être d’orienter les gens vers des centres aptes à effectuer des tests ?
Il est légitime de se demander, deux mois après l’apparition du COVID 19 en Mauritanie, si quelque chose et, le cas échéant, ce qui a véritablement changé dans nos structures de santé. Les lavabos où se laver les mains y sont banalement en panne, sans eau ou sans savon. Les services des urgences ne sont pas mieux lotis qu’avant. Des citoyens ayant tenté de joindre le numéro vert se plaignent de s’être heurtés à un mur ou à des coupures. Où sont passés les moyens dont on nous rabat les oreilles ? serait-on tenté de demander.
La récente décision de renforcer la stratégie par trois groupes d’intervention pourrait-elle peser dans la bataille que nous risquons de perdre, si les autorités ne revoient pas, de fond en comble, le dispositif de riposte. Le docteur Kleib avait pourtant tiré la sonnette d’alarme dès le début de la pandémie. A-t-elle été entendue ?
L'armée entre en jeu
C’est sans doute pour ces raisons et certainement à cause de la tant inquiétante multiplication de cas positifs ces derniers quatre jours à Nouakchott, que le gouvernement a décidé de mettre en place trois groupes d’accueil et de prise en charge des malades. Dotés, semble-t-il, de moyens conséquents, ces groupes d’intervention pourraient améliorer non seulement le dispositif de riposte mais aussi le contrôle des axes routiers menant à Nouakchott.
Depuis la révélation du neuvième cas, nombre de citoyens partis se faire tester affirment s’être heurtés au mur dans les services spécialisés. Trop de nos médecins en première ligne semblent éprouver une espèce de trouille à la moindre suspicion de contamination. Seraient-ils dépourvus de moyens… ou de capacités ? Dans cette situation, les patients souffrant d’autres pathologies ont déserté les lieux… mais on évoque curieusement un déficit en médicaments.
Alors que nous ne comptions qu’un cas, voire aucun, le gel hydro-alcoolique et les masques ont quasiment disparu du marché. Diverses sources supputaient alors l’existence d’un trafic vers d’autres pays… Aujourd’hui, ce sont nos tailleurs qui en produisent et les vendent aux citoyens dont beaucoup se demandent pourquoi le ministère de la santé ne leur en fournit-il pas. Victimes de la décision de fermer ou de déplacer des pharmacies et de saisir de grosses quantités de faux médicaments, de hauts fonctionnaires dudit département sont suspectés de jouer aux pyromanes.
Censés tenus en off (réunion restreinte) mais rapportés sur la place publique au point de fâcher nos partenaires asiatiques, les propos du ministre sur la qualité des équipements fournis par les Chinois révèle la guerre que divers de ses collaborateurs livrent au docteur Nedhirou. Quant à la communication quelque peu hésitante de la Direction de la Santé sur le bilan quotidien de la pandémie, elle ne rassure que très peu les téléspectateurs.
Au lieu de maintenir la pression tout en commandant des équipements, l’accent n’a été jusqu’ici mis, dans le décaissement du fonds spécial COVID, que sur l’exécution de son volet social. La télévision nationale et les chaînes privées s’en donnent à cœur joie, avec des reportages sur la distribution de kits alimentaires, le démarrage de la campagne agricole 2020, la distribution de l’aliment de bétail, des inaugurations par-ci, des conclaves par-là, des dîners à l’intention de tel ou de tel.
Normal, diront les mauritaniens lambda. Les responsables mauritaniens sont de grands spécialistes en spectacle et simulacre pour soutirer, sans vergogne ni pitié, l’argent du contribuable. Allez voir les bornes-fontaines en cours de construction à l’entrée des marchés. Ou scruter le plan d’action (devis) contre le COVID de l’un des départements ministériels diffusé par divers sites électroniques : plus d’un demi milliard en achat de manuels, sensibilisation des populations, locations de voitures et motivations du personnel ! Et ce ne sont que quelques exemples, il y en d’autres.
Relâchement ou laxisme, tant dans le respect du couvre-feu qu’en celui des autres gestes-barrières, notamment la distanciation sociale, les citoyens mauritaniens démontrent, chaque jour que Dieu fait, leur incivisme – un autre dirait insouciance… – face au danger qui rôde tout autour. Ils continuent à se rassembler et à s’entasser dans les marchés. Qui n’a pas été frappé par le grand rassemblement de proches ou amis, lors de la prière mortuaire et la levée de corps du propriétaire de l’épicerie Bana Blanc ?
Qui ne constate pas, en son propre quartier, que les fidèles prient sans aucune distanciation sociale ? En banlieue, des citoyens circulent jusque tard dans la nuit, défiant des forces de l’ordre ; dépassés ou complices ? Qu’a vu le ministre de l’Intérieur, lors de sa récente sortie pour suivre comment celles-ci gèrent le couvre-feu ? Pourquoi ne nous révèle-t-on pas combien de voitures ou de contrevenants ont-ils été arrêtés depuis le début de l’état d’urgence ?
Combien furent-ils verbalisés ? Combien de Mauritaniens tentent-ils, chaque jour et ce depuis le début du confinement, de rentrer clandestinement dans la capitale ou retourner chez eux ? Ah, laxisme, quand tu nous tiens !
Il n’est enfin un secret pour personne que l’interdiction du transport interurbain connaît également quelques ratés. Comment comprendre, sinon, la réapparition de cas, alors qu’on les tenait pour nuls depuis un mois ? Une enquête doit être menée sérieusement sur ces infiltrations.
C’est également secret de Polichinelle que des transporteurs réussissent à franchir les nombreux postes de contrôle au long des grands axes : route de l’Espoir, route de Nouadhibou, Zouérate et Rosso, emmenant avec eux des passagers qui doivent casquer fort, au péril de leur vie. Nos routes sont donc perméables pour certains ? L’enquête doit aussi être menée sur le cas de ce technicien de l’hôpital de Kiffa parti de Nouakchott ignorant qu’il était une bombe à retardement. Pourquoi n’effectue-t-on des tests réguliers sur tout fonctionnaire habilité à se déplacer librement à l’intérieur du pays ? Une mesure à appliquer aux forces de défense et de sécurité, personnel de Santé, SNDE, SOMELEC ; du simple agent au plus haut cadre !
Fonds COVID : comme le fer et le poisson ?
Côté cour, la gestion du fonds solidarité COVID souffre d’un criant déficit de transparence. Une situation épinglée par les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Dans un communiqué commun en date du 14 Mai, ces dix-sept partis dont celui au pouvoir, l’UPR, dénoncent l’improvisation qui a présidé à l’établissement des listes des bénéficiaires, avant d’exiger la mise en place d’un mécanisme de supervision et de suivi du programme gouvernemental d’urgence de riposte contre le COVID19, exprimant leur souhait de voir la loi relative à la gestion du fonds COVID octroyer, à la Société civile et au Parlement, une réelle responsabilité dans la supervision et le suivi effectifs de ce fonds.
Les partis jugent le nombre de 200.000 familles nécessiteuses très en-deçà de la réalité du pays et très insuffisantes les aides distribuées. Il faut quand même noter que notre personnel soignant et nos forces de défense et de sécurité ne plaignent pas, comme en France, de leur traitement !
Cette sortie des parlementaires et la décision prêtée au président de la République de mettre fin aux distributions nocturnes, par les militaires, de vivres dans la capitale accrédite la thèse de l’opacité de gestion d’un fonds COVID qui risque fort passer, une nouvelle fois, sous le nez des véritables victimes de la situation, comme jadis avec le poisson, le fer, l’or... Pour être transparente et donc efficace, sa gestion devrait être confiée à une commission indépendante impliquant la Société civile, les parlementaires et la presse.
Après l’exhibitionnisme béat, le COVID a donc sorti ses griffes et nous rappelle à notre triste réalité : des êtres laxistes, voire inciviques. Les derniers cas enregistrés, du Bana Blanc à l’ensemble de Nouakchott le 16 Mai, ont démontré combien notre plan-riposte était aléatoire. La décision de renforcer la stratégie par la mise en place de trois groupes de veille à Nouakchott va-t-elle l’améliorer ?
En attendant la suite, la police et les éléments du GSSR chargés de contrôler les accès aux marchés de Nouakchott semblent déjà débordés. Les citoyens y entrent et sortent sans masques et sans se laver les mains. En l’absence d’une conscience civique, voire patriotique, ces forces sont-elles suffisamment motivées pour accomplir leur mission ?
Et le docteur Nedhirou, notre actuel ministre de la Santé qui se battait sur tous les fronts médiatiques, s’est mis en quarantaine à la nouvelle qu’un de ses directeurs venait d’être testé positif. Le virus invisible que nous croyions avoir vaincu, il y a quelques semaines, a déjoué tous nos plans, choisissant, lui, de frapper fort : quarante nouveaux cas en quelques trois jours, 81 en tout !
Et cela n’est pas près de s’arrêter. Premier pic le 16 Mai, avec 11 cas en un seul jour ! On dirait que le ciel est tombé sur nos têtes. 4 décès, 6 guérisons déclarées, 472 personnes en quarantaine. Chaque jour nous apporte son lot de malheurs. « Très inquiétant ! », entend-on partout dire.
Légitime préoccupation d’un peuple à qui l’on avait vite chanté et proclamé la victoire, avant même de commencer la guerre contre cet ennemi invisible. Nombre de zélés s’extasiaient de ce que la Mauritanie était devenue un modèle dans la lutte contre le COVID, quand les autorités sanitaires déclaraient zéro cas sur toute l’étendue du territoire national. Alors, que s’est-il passé ? Quel ressort s’est-il cassé, alors que nos frontières aériennes, maritimes et terrestres sont réputées hermétiquement fermées depuis Mars ? La communication a-t-elle précédé les faits ?
Relâchement ou mauvaise communication ?
Si, au plan sanitaire, les soignants n’ont tous cessé de rappeler, tout comme d’ailleurs le président de la République, que la vigilance doit rester de mise, du côté de la communication politique, les responsables ont pêché par excès d’optimisme ou ignorance des ressorts dont dispose le virus.
Le ministère de la Santé donnait chaque jour un bulletin un peu laconique, sans détails, notamment sur la traçabilité des personnes atteintes et les personnes-contacts. Rares sont donc aujourd’hui les mauritaniens informés du protocole médical suivi par les personnes guéries : chloroquine et azythromycine associées à d’autres médicaments. Les conditions du confinement en hôtel ou auberge, ou encore la situation des malades hospitalisées à l’ancien hôpital Sabah ont jeté le trouble depuis le décès de la dame arrivée par le vol d’Air France du 16 Mars dernier.
Personne n’a compris comment les soignants n’ont-ils su distinguer, quatorze ou quinze jours durant, si cette dame souffrait du COVID19 ou d’une maladie chronique. Sa mort en ambulance continue d’interroger les Mauritaniens, toujours en attente des résultats de l’enquête annoncée par le ministère de la Santé. L’accueil des patients présumés porteurs du virus laisse par ailleurs à désirer.
Comment se peut-il que des patients se fassent trimballer, d’une clinique privée à une autre ou d’un centre d’un centre hospitalier à un autre, sans jamais trouver une oreille attentive ni qu’un seul médecin ne réussisse à détecter leur maladie, alors qu’ils semblent en présenter des signes inquiétants ? Le premier réflexe ne devrait-il pas être d’orienter les gens vers des centres aptes à effectuer des tests ?
Il est légitime de se demander, deux mois après l’apparition du COVID 19 en Mauritanie, si quelque chose et, le cas échéant, ce qui a véritablement changé dans nos structures de santé. Les lavabos où se laver les mains y sont banalement en panne, sans eau ou sans savon. Les services des urgences ne sont pas mieux lotis qu’avant. Des citoyens ayant tenté de joindre le numéro vert se plaignent de s’être heurtés à un mur ou à des coupures. Où sont passés les moyens dont on nous rabat les oreilles ? serait-on tenté de demander.
La récente décision de renforcer la stratégie par trois groupes d’intervention pourrait-elle peser dans la bataille que nous risquons de perdre, si les autorités ne revoient pas, de fond en comble, le dispositif de riposte. Le docteur Kleib avait pourtant tiré la sonnette d’alarme dès le début de la pandémie. A-t-elle été entendue ?
L'armée entre en jeu
C’est sans doute pour ces raisons et certainement à cause de la tant inquiétante multiplication de cas positifs ces derniers quatre jours à Nouakchott, que le gouvernement a décidé de mettre en place trois groupes d’accueil et de prise en charge des malades. Dotés, semble-t-il, de moyens conséquents, ces groupes d’intervention pourraient améliorer non seulement le dispositif de riposte mais aussi le contrôle des axes routiers menant à Nouakchott.
Depuis la révélation du neuvième cas, nombre de citoyens partis se faire tester affirment s’être heurtés au mur dans les services spécialisés. Trop de nos médecins en première ligne semblent éprouver une espèce de trouille à la moindre suspicion de contamination. Seraient-ils dépourvus de moyens… ou de capacités ? Dans cette situation, les patients souffrant d’autres pathologies ont déserté les lieux… mais on évoque curieusement un déficit en médicaments.
Alors que nous ne comptions qu’un cas, voire aucun, le gel hydro-alcoolique et les masques ont quasiment disparu du marché. Diverses sources supputaient alors l’existence d’un trafic vers d’autres pays… Aujourd’hui, ce sont nos tailleurs qui en produisent et les vendent aux citoyens dont beaucoup se demandent pourquoi le ministère de la santé ne leur en fournit-il pas. Victimes de la décision de fermer ou de déplacer des pharmacies et de saisir de grosses quantités de faux médicaments, de hauts fonctionnaires dudit département sont suspectés de jouer aux pyromanes.
Censés tenus en off (réunion restreinte) mais rapportés sur la place publique au point de fâcher nos partenaires asiatiques, les propos du ministre sur la qualité des équipements fournis par les Chinois révèle la guerre que divers de ses collaborateurs livrent au docteur Nedhirou. Quant à la communication quelque peu hésitante de la Direction de la Santé sur le bilan quotidien de la pandémie, elle ne rassure que très peu les téléspectateurs.
Au lieu de maintenir la pression tout en commandant des équipements, l’accent n’a été jusqu’ici mis, dans le décaissement du fonds spécial COVID, que sur l’exécution de son volet social. La télévision nationale et les chaînes privées s’en donnent à cœur joie, avec des reportages sur la distribution de kits alimentaires, le démarrage de la campagne agricole 2020, la distribution de l’aliment de bétail, des inaugurations par-ci, des conclaves par-là, des dîners à l’intention de tel ou de tel.
Normal, diront les mauritaniens lambda. Les responsables mauritaniens sont de grands spécialistes en spectacle et simulacre pour soutirer, sans vergogne ni pitié, l’argent du contribuable. Allez voir les bornes-fontaines en cours de construction à l’entrée des marchés. Ou scruter le plan d’action (devis) contre le COVID de l’un des départements ministériels diffusé par divers sites électroniques : plus d’un demi milliard en achat de manuels, sensibilisation des populations, locations de voitures et motivations du personnel ! Et ce ne sont que quelques exemples, il y en d’autres.
Relâchement ou laxisme, tant dans le respect du couvre-feu qu’en celui des autres gestes-barrières, notamment la distanciation sociale, les citoyens mauritaniens démontrent, chaque jour que Dieu fait, leur incivisme – un autre dirait insouciance… – face au danger qui rôde tout autour. Ils continuent à se rassembler et à s’entasser dans les marchés. Qui n’a pas été frappé par le grand rassemblement de proches ou amis, lors de la prière mortuaire et la levée de corps du propriétaire de l’épicerie Bana Blanc ?
Qui ne constate pas, en son propre quartier, que les fidèles prient sans aucune distanciation sociale ? En banlieue, des citoyens circulent jusque tard dans la nuit, défiant des forces de l’ordre ; dépassés ou complices ? Qu’a vu le ministre de l’Intérieur, lors de sa récente sortie pour suivre comment celles-ci gèrent le couvre-feu ? Pourquoi ne nous révèle-t-on pas combien de voitures ou de contrevenants ont-ils été arrêtés depuis le début de l’état d’urgence ?
Combien furent-ils verbalisés ? Combien de Mauritaniens tentent-ils, chaque jour et ce depuis le début du confinement, de rentrer clandestinement dans la capitale ou retourner chez eux ? Ah, laxisme, quand tu nous tiens !
Il n’est enfin un secret pour personne que l’interdiction du transport interurbain connaît également quelques ratés. Comment comprendre, sinon, la réapparition de cas, alors qu’on les tenait pour nuls depuis un mois ? Une enquête doit être menée sérieusement sur ces infiltrations.
C’est également secret de Polichinelle que des transporteurs réussissent à franchir les nombreux postes de contrôle au long des grands axes : route de l’Espoir, route de Nouadhibou, Zouérate et Rosso, emmenant avec eux des passagers qui doivent casquer fort, au péril de leur vie. Nos routes sont donc perméables pour certains ? L’enquête doit aussi être menée sur le cas de ce technicien de l’hôpital de Kiffa parti de Nouakchott ignorant qu’il était une bombe à retardement. Pourquoi n’effectue-t-on des tests réguliers sur tout fonctionnaire habilité à se déplacer librement à l’intérieur du pays ? Une mesure à appliquer aux forces de défense et de sécurité, personnel de Santé, SNDE, SOMELEC ; du simple agent au plus haut cadre !
Fonds COVID : comme le fer et le poisson ?
Côté cour, la gestion du fonds solidarité COVID souffre d’un criant déficit de transparence. Une situation épinglée par les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Dans un communiqué commun en date du 14 Mai, ces dix-sept partis dont celui au pouvoir, l’UPR, dénoncent l’improvisation qui a présidé à l’établissement des listes des bénéficiaires, avant d’exiger la mise en place d’un mécanisme de supervision et de suivi du programme gouvernemental d’urgence de riposte contre le COVID19, exprimant leur souhait de voir la loi relative à la gestion du fonds COVID octroyer, à la Société civile et au Parlement, une réelle responsabilité dans la supervision et le suivi effectifs de ce fonds.
Les partis jugent le nombre de 200.000 familles nécessiteuses très en-deçà de la réalité du pays et très insuffisantes les aides distribuées. Il faut quand même noter que notre personnel soignant et nos forces de défense et de sécurité ne plaignent pas, comme en France, de leur traitement !
Cette sortie des parlementaires et la décision prêtée au président de la République de mettre fin aux distributions nocturnes, par les militaires, de vivres dans la capitale accrédite la thèse de l’opacité de gestion d’un fonds COVID qui risque fort passer, une nouvelle fois, sous le nez des véritables victimes de la situation, comme jadis avec le poisson, le fer, l’or... Pour être transparente et donc efficace, sa gestion devrait être confiée à une commission indépendante impliquant la Société civile, les parlementaires et la presse.
Après l’exhibitionnisme béat, le COVID a donc sorti ses griffes et nous rappelle à notre triste réalité : des êtres laxistes, voire inciviques. Les derniers cas enregistrés, du Bana Blanc à l’ensemble de Nouakchott le 16 Mai, ont démontré combien notre plan-riposte était aléatoire. La décision de renforcer la stratégie par la mise en place de trois groupes de veille à Nouakchott va-t-elle l’améliorer ?
En attendant la suite, la police et les éléments du GSSR chargés de contrôler les accès aux marchés de Nouakchott semblent déjà débordés. Les citoyens y entrent et sortent sans masques et sans se laver les mains. En l’absence d’une conscience civique, voire patriotique, ces forces sont-elles suffisamment motivées pour accomplir leur mission ?
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