La Libre Afrique - Le mouvement indépendantiste Polisario a annoncé vendredi la fin d’un cessez-le-feu conclu il y a près de 30 ans sous l’égide l’ONU dans le Sahara occidental disputé, après une opération militaire lancée par le Maroc pour rouvrir une route bloquée vers la Mauritanie voisine.
« La guerre a commencé. Le Maroc a liquidé le cessez-le feu », a déclaré à l’AFP le chef de la diplomatie de la République sahraouie proclamée par le Polisario, Mohamed Salem Ould Salek, en réaction à l’opération militaire lancée par le Maroc dans la zone-tampon de Guerguerat, à l’extrême sud de l’ancienne colonie espagnole au statut non défini.
Le ministère marocain des Affaires étrangères a fait savoir vendredi que cette intervention était destinée à « mettre un terme à la situation de blocage » au poste frontière de Guerguerat, où environ 200 routiers sont à l’arrêt depuis environ trois semaines.
La région de Guerguerat a déjà été au centre de vives tensions entre le Polisario, mouvement soutenu par l’Algérie, et le Maroc qui se disputent le territoire désertique depuis des décennies, malgré les efforts de règlement de l’ONU. Les négociations impliquant le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sont suspendues depuis plusieurs mois.
Selon Rabat, « le Polisario et ses milices qui se sont introduits dans la zone (de Guerguerat) depuis le 21 octobre ont mené des actes de banditisme, bloqué la circulation et harcelé continuellement les observateurs militaires de la Minurso », la force d’interposition de l’ONU.
Le roi Mohamed VI a dit dans un récent discours, début novembre, « que le Maroc ne tolérerait pas que ces provocations continuent: aujourd’hui c’est une manifestation de cette intransigeance », a-t-il ajouté.
« Ce n’est pas une action offensive mais c’est une action de fermeté par rapport à cette situation qui est inacceptable », a déclaré à l’AFP le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, en affirmant que la Minurso, présente sur le terrain, avait observé qu’il n’y avait aucun contact avec les civils ».
Mais pour le Polisario, « c’est une agression »: « les troupes sahraouies se retrouvent en situation de légitime défense et répliquent aux troupes marocaines », a déclaré Mohamed Salem Ould Salek à l’AFP.
Le Front Polisario avait menacé lundi de mettre fin à l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 si le Maroc introduisait des troupes ou des civils dans la zone-tampon de Guerguerat.
– « Restaurer la libre-circulation » –
Nouakchott a annoncé mercredi que l’armée mauritanienne avait renforcé ses positions à la frontière avec le Sahara occidental « pour parer à toute éventualité ».
Les forces marocaines ont « procédé, dans la nuit de jeudi à vendredi, à la mise en place d’un cordon de sécurité en vue de sécuriser le flux des biens et des personnes à travers la zone tampon », selon un communiqué de l’état-major général marocain.
L’ONU, la Mauritanie et « d’autres pays impliqués dans le dossier » ont été prévenus de l’opération destinée, selon Rabat, à « mettre un terme à la situation de blocage » et « restaurer la libre-circulation civile et commerciale » sur cet axe routier, selon un haut responsable des Affaires étrangères joints par l’AFP.
Depuis environ trois semaines, des milices, comprenant quelque 70 hommes armés « s’attaquent à des camionneurs, interdisent la circulation, procèdent à du racket », selon la même source.
Il y a 108 routiers bloqués côté mauritanien et 78 de l’autre côté de la frontière, avec des véhicules de différentes origines, Maroc, Mauritanie ou France, selon le haut responsable marocain joints par l’AFP.
La semaine dernière, un groupe de routiers marocains avaient lancé un appel au secours aux autorités du Maroc et de la Mauritanie en se disant bloqués par des « milices affiliées à des séparatistes », au poste-frontière de Gerguerat.
Rabat, qui contrôle 80% de l’ancienne colonie, ses gisements de phosphate et ses eaux poissonneuses dans sa partie ouest, le long de l’océan atlantique, veut une « autonomie sous contrôle » du territoire, où de grands chantiers de développement marocains ont été lancé ces dernières années.
Le Polisario, qui a proclamé une République sahraouie (RASD) au début des années 1980, milite pour l’indépendance et réclame un référendum d’autodétermination. Les indépendantistes sahraouis dénoncent l’existence de la route de Guerguerat que Rabat considère comme essentielle pour ses échanges avec l’Afrique subsaharienne.
AFP
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