Le Calame - Le bon niveau d’éducation est un facteur majeur de pérennisation de la démocratie. Les victimes du pouvoir sont les plus démunies culturellement.
Il faut donc considérer l’éducation comme un défi que notre pays doit relever afin de former un nouveau mauritanien. Dans ce contexte, chaque citoyen doit devenir un acteur de développement contribuant, par son éducation et son travail, à notre richesse nationale pour soutenir une croissance plus forte et plus inclusive.
D’après moi, l’efficacité du système éducatif repose sur des investissements massifs de l’État à travers la réalisation d’infrastructures de base pour tous, le renforcement de l’enseignement professionnel et technique, l’autonomisation des femmes.
En ce que l’éducation est un facteur fondamental de la démocratie, tous les Mauritaniens ont le droit de participer activement au processus de prise de décision et, pour pouvoir exercer efficacement ce droit, ils doivent être informés et éduqués sur les enjeux politiques, économiques et sociaux.
L’éducation permet aux Mauritaniens de développer leur esprit critique et leur capacité à penser de manière autonome. Elle les aide à comprendre les enjeux de la société où ils vivent et à participer de manière appropriée aux débat publics.
À cet égard, l’éducation à la citoyenneté démocratique met essentiellement l’accent sur les droits et les responsabilités démocratiques et sur la participation active, en relation avec les aspects civiques politiques, sociaux, économiques, juridiques et cultuels de la société….
Où en est-on en Mauritanie ?
Les citoyens éduqués sont également plus susceptibles de voter et de prendre part à des activités politiques, ce qui renforce la démocratie, la rendant plus crédible, plus fiable et plus efficacement réactive à toutes les tentatives de déstabilisation.
L’éducation peut également aider à réduire les inégalités sociales et économiques qui sont autant d’obstacles à la démocratie. Une éducation de qualité peut aider à donner aux citoyens issus de milieux défavorisés les outils dont ils ont besoin pour réussir et participer pleinement à la vie démocratique.
Je crois que, du point de vue culturel, nous n’avons pas su non plus faire évoluer nos systèmes d’enseignement pour permettre à chaque élève, collégien, lycéen, étudiant, d’atteindre le niveau le plus élevé auquel il puisse prétendre. L’ambition de diffuser la culture – c’est-à-dire la capacité pour chacun de se constituer, devenir raisonnable, déterminant librement ses finalités, ses idées, ses actes, ses réflexions et ses chemins – n’a pas été portée par les gouvernants. Ils n’ont pas su imposer un socle culturel incontournable pour aboutir à un enseignement fiable et démocratique répondant aux besoins et aux attentes de la société mauritanienne.
Je vois six grandes priorités que le gouvernement devra poursuivre afin de répondre à ceux-ci : réduction drastique de l’inégalité, un des plus grands défis dans la réalisation de l’éducation pour tous ; sensibilisation plus rigoureuse ; volonté politique plus forte ; meilleure planification et politiques plus judicieuses afin de placer l’éducation en tête des objectifs du développement ; qualité accrue de celle-ci, « le » défi majeur à relever ; le tout appuyé par un financement ad hoc afin de débloquer la crise de l’enseignement, car l’éducation est le plus grand défi qu’on puisse relever pour l’avenir de notre nation.
Là où existe une volonté politique et des politiques judicieuses, les obstacles à un tel plan peuvent être éliminés et ils le seront. La démocratie ne se limite pas au droit de vote des citoyens ni à la forme de gouvernement de la Nation. Le principe fondamental de la démocratie, c’est que la direction, les décisions et l’action suivent un mouvement ascendant et non descendant ; elles doivent émaner non pas des gouvernants mais des citoyens ordinaires. Dans une démocratie, l’effort personnel a une très grande importance.
Civisme démocratique
Mais je me demande comment les Mauritaniens pourraient-ils se gouverner et gouverner le pays s’ils n’ont pas appris à le faire ? Il ne saurait y avoir de décisions éclairées sans éducation généralisée. Cela n’implique pas d’entrer dans les détails des sciences politiques ou du Droit constitutionnel : le civisme démocratique est tout simplement l’art de vivre avec ses concitoyens. Entreprise en ce sens d’abord au foyer puis à l’école et dans toutes les autres étapes de la vie, l’éducation démocratique produira des mauritaniens et des mauritaniennes capables de bâtir une Mauritanie forte, moderne et prospère.
De fait, l’éducation démocratique est beaucoup plus qu’un simple système d’éducation. Elle exige non seulement des formes mais aussi un état d’esprit lucide.
Ce que nous sommes en droit d’attendre de la démocratie, ce n’est pas ce que nous aimerions. Ce n’est pas non plus ce qu’autrui pourrait arriver à nous procurer. Ce n’est pas enfin ce que l’État pense pouvoir nous accorder. La démocratie cherche à nous donner ce qu’il faut pour que chacun d’entre nous puisse jouir pleinement de ses droits fondamentaux, y compris une éducation parfaite, la liberté de parole et de presse…
Cela nécessite de développer un milieu où chacun se sente assez rassuré pour apprendre et s’apprendre. En somme, l’éducation est un facteur-clé pour la démocratie. Elle permet aux citoyens de comprendre les enjeux de la société, de participer activement aux décisions publiques et réduire les inégalités sociales et économiques.
Cheikh Ahmed Mohamed
Ingénieur
Responsable du bureau d’Études BE.MEGELEC NDB
Responsable du service Études et Développement
Établissement Portuaire de la Baie du Repos de Nouadhibou
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