27-02-2024 13:51 - Abderrahmane Sissako, pour le film "Black Tea", dix ans après le succès de "Timbuktu"

 

Abderrahmane Sissako, pour le film

Radio France - Léa Salamé reçoit le cinéaste et producteur mauritanien Abderrahmane Sissako à l'occasion de la sortie en salles de « Black Tea », le 28 février.

Le voyage est au cœur du nouveau film d'Abderrahmane Sissako, Black Tea, qu'il a présenté la semaine dernière à la Berlinale. C'est son grand retour, dix ans après le succès retentissant, critique et populaire de Timbuktu qui avait remporté sept César, dont le Meilleur film et le Meilleur réalisateur.

Black Tea est un film doux et mélancolique, sensuel et onirique, qui dit la rencontre de la Chine et de l'Afrique à travers une histoire d'amour entre un Chinois et une Ivoirienne. C'est l'histoire d'Aya, incarnée par l'actrice Nina Mélo, qui crève littéralement l'écran.

Black Tea, un film sur l'émancipation

Le film commence le jour de son mariage avec son fiancé ivoirien, en Côte d'Ivoire. Devant toute la famille et tous les amis, elle dit non, et elle part. Elle quitte tout. Elle quitte son pays, sa famille, sa culture pour émigrer en Chine, à Canton où elle va travailler pour un Chinois qui a une boutique de thé. Ils vont se rapprocher et tomber amoureux.

Ce film, c'est l'histoire de l'émancipation des femmes, qu'elle soit africaine, qu'elle soit brésilienne, qu'elle soit française, etc. L'émancipation des femmes est un thème universel. Aya a décidé de régler son compte à son passé, à sa culture, à son pays, à son assignation identitaire. Elle a décidé de choisir sa vie.

Abderrahmane Sissako : "Pour moi, l'émancipation de la femme est fondamentale parce que c'est une force réelle. Et dire non à sa société n'est pas une chose facile. Dire non et partir vers l'autre. La Chine est un symbole." Aya ne s'exile pas pour des raisons économiques. En général, on voit la question des migrants qui partent pour trouver une vie meilleure ailleurs. Elle s'exile pour sa liberté.

La Chine et l'Afrique

Au micro de Léa Salamé, Abderrahmane Sissako parle de la relation entre la Chine et l'Afrique : "Le monde est en train de changer très vite parce que la Chine est un géant, et l'Afrique aussi. Ces deux mondes se mettent ensemble, ça va changer le monde forcément et je crois en bien, mais ça va changer le monde."

Il ajoute : "L'histoire est en mouvement et l'Afrique doit profiter de ce moment-là pour se dresser effectivement, faire attention, mais se dresser et profiter de cette éventualité. Parce que le passé avec l'Europe, l'Occident en général, n'ont pas été un lien formidable et de développement réel. [...] C'est un départ pour autre chose où l'Afrique doit se positionner."

Pour lui, l'Europe est un grand continent très riche qui a contribué et qui compte toujours à ses yeux : "Mais il y a effectivement quelque chose. L'Europe n'a pas cette capacité de regarder ailleurs. Donc il y a cette façon de se regarder soi-même en permanence et on s'appauvrit. Quand on est dans une position comme ça, il y a un monde qui change véritablement. Ce monde existe et il est beau, il est fort et il faut en tenir compte."

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