RFI-Afrique - Entre 80 et 120 soldats maliens et supplétifs russes de Wagner sont arrivés ces derniers jours à Ouagadougou. Des renforts envoyés par Bamako pour appuyer le capitaine Ibrahim Traoré, dont le pouvoir est présenté comme « vacillant » par nos sources.
Cette information n'a fait l'objet d'aucune déclaration officielle, ni côté malien, ni côté burkinabè, ni même de l'Alliance des États du Sahel (AES). Solidarité ou ingérence, cette implication peut être analysée selon différents prismes.
D'une certaine manière, c'est d'abord la solidarité prônée dès la création de l'Alliance des États du Sahel qui semble à l'œuvre. Dans sa charte fondatrice, l'AES est conçue comme une « architecture de défense collective et d'assistance mutuelle » contre toute « menace portant atteinte à l'intégrité du territoire et à la souveraineté des pays membres. »
La possibilité d'« user de la force pour faire face aux situations de rupture de la paix et de la stabilité » y est inscrite noire sur blanc.
À l'époque, ce sont cependant les menaces jihadistes, indépendantiste – pour le cas du Mali –, ou même la possibilité d'une intervention armée de la Cédéao – brandie un temps contre le Niger – qui préoccupaient les dirigeants des trois pays sahéliens.
Initiative malienne ou dans le cadre de l'AES ?
En l'absence de toute déclaration officielle, on ignore encore cependant si l'envoi de soldats maliens et de mercenaires russes de Wagner à Ouagadougou se joue dans le cadre formel de l'AES ou s'il s'agit d'une initiative malienne. Le Niger n'a envoyé aucun soldat. Aucune indication sur le degré d'implication de Niamey dans cette séquence.
Autre interrogation : l'objectif est-il de maintenir le capitaine Ibrahim Traoré en personne à la tête du Burkina, ou de sauver le processus de transition en cours, dont la déstabilisation, voire la chute pourrait menacer l'existence même de l'AES ? Cette Alliance est devenue un outil géostratégique majeur pour ses pays membres, régulièrement mis en avant sur les plans sécuritaire et diplomatique.
En tout état de cause, les Burkinabè eux-mêmes – simples citoyens, politiques ou militaires – pourraient percevoir cette intervention comme une aide ou comme une ingérence dans les affaires internes du Burkina Faso.
Les dirigeants des trois pays de l'AES ont fait de la défense de la souveraineté nationale leur principal argument politique. Une posture que l'intervention de pays tiers, fussent-ils des alliés comme le Mali et la Russie, pourrait mettre à mal au Burkina Faso.
Par : David Baché
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