Lutte anticorruption en Mauritanie: «Erreur de communication», ça ne sonne pas au numéro vert

 

Lutte anticorruption en Mauritanie: «Erreur de communication», ça ne sonne pas au numéro vert

Le360afrique - La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a mis à la disposition des usagers des routes un numéro vert, le 190, pour signaler le comportement indélicat de certains agents sur la voie publique. La corruption étant endémique sur les routes mauritaniennes, cette mesure fait l’objet de nombreux commentaires.

Beaucoup de citoyens avancent que la corruption des agents de la circulation est derrière de nombreux accidents de la route. En effet, beaucoup de chauffeurs commettent des infractions, comme la surcharge de bagages, l’excès de vitesse..., tout en étant certains qu’un billet 200 ouguiyas glissé aux policiers peut les tirer l’affaire.

Face à cette situation, et partant du fait que la lutte contre la corruption est placée au sommet des priorités du second mandat du président Mohamed Cheikh el Ghazouani, la police, ne pouvait rester insensible aux critiques et se devait prendre les devant.

C’est dans cette optique que s’inscrit la circulaire de la DGSN et la mise à la disposition des usagers d’un numéro vert pour signaler les comportements indélicats des policiers sur la voie publique.

En tout cas, à Nouakchott, la circulaire fait beaucoup réagir notamment sur les réseaux sociaux. «De la poudre aux yeux» selon un commentateur tandis qu’un autre suggère d’augmenter le salaire des policiers et d’«améliorer leur formation.»

Mohamed Mahmoud Tolba, président de Mauritanie Transparency, conscient de la situation du corps de la police, plaide en faveur d’un traitement mettant à l’abri du besoin les serviteurs de l’institution, dont les cadres à la retraite, se retrouvent souvent dans un dénouement extrême.

Ainsi, «pour avoir une chance de produire un effet positif, les mesures de lutte contre la corruption doivent être précédées d’une revalorisation du traitement des policiers», estime cette personnalité de la société civile.

A l’opposé, Cheikh Aidara, directeur de publication de L’Authentique, désapprouve la circulaire de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), qu’il analyse comme «une grave erreur de communication». Une démarche dont l’objectif est la consommation extérieure, estime-t-il, mais qui risque d’installer la suspicion, une certaine forme de frustration et de stigmatisation chez les policiers.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)

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