Sénégal: premier revers à l'Assemblée nationale pour le président Bassirou Diomaye Faye

 

Sénégal: premier revers à l'Assemblée nationale pour le président Bassirou Diomaye Faye

RFI-Afrique - Au Sénégal, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye a essuyé son premier revers à l'Assemblée nationale. Sa proposition de loi visant à supprimer deux institutions jugées budgétivores a été rejetée, le 2 septembre 2024, par les députés.

Le texte n’a recueilli que 83 voix favorables, bien loin des 99 nécessaires pour faire passer cette réforme constitutionnelle. La bataille politique est désormais ouverte à l'Assemblée nationale entre le pouvoir et l'opposition.

Sans surprise, la plénière du lundi 2 septembre à l'Assemblée nationale du Sénégal a permis à l'opposition d'affûter ses armes. Le contexte politique actuel est marqué par une situation inédite : le parti du président Bassirou Diomaye Faye, le Pastef (Patriotes africaines du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), ne dispose pas de la majorité au Parlement.

Une opposition majoritaire au Parlement

La coalition Benno Bokk Yakaar, formée autour de l'ancien président Macky Sall, conserve une majorité relative à l'Assemblée nationale, malgré la perte du pouvoir exécutif. Lundi 2 septembre, cette coalition a fait front pour contrer l'une des promesses de campagne de Bassirou Diomaye Faye : l'optimisation des ressources de l'État par la suppression du Haut Conseil des collectivités territoriales et du Conseil économique social et environnemental, deux institutions dirigées par des proches de l'ex-président Macky Sall.

Échec donc sur le papier pour le président Bassirou Diomaye Faye, qui a déclaré dans un communiqué avoir pris acte du rejet de son projet. Cependant, beaucoup interprètent cette tentative comme une stratégie délibérée des nouvelles autorités pour démontrer aux électeurs la nécessité de dissoudre l'Assemblée nationale et de convoquer des législatives anticipées, afin d'éviter tout nouveau blocage de l'action politique.

Vers une dissolution de l'Assemblée nationale ?

Selon le Conseil constitutionnel, une dissolution de l'Assemblée nationale pourrait être possible à partir du 12 septembre. Le climat politique s'est donc tendu ces dernières 24 heures, notamment avec la promesse du député de l'opposition, Abdou Mbow, de déposer une motion de censure pour faire tomber le gouvernement d'Ousmane Sonko.

Dans ce contexte, Macky Sall a annoncé la dissolution de la coalition Benno Bokk Yakaar, au pouvoir pendant 12 ans. Dans un communiqué, l'ancien président du Sénégal justifie cette décision par la nécessité de tirer « les leçons du verdict des urnes », faisant référence à l'échec cuisant subi lors de la présidentielle.

L'ex-chef de l'État évoque aussi la nécessité de mieux s'organiser face aux « défis du moment », sous-entendant la préparation aux législatives anticipées qui semblent bien être dans tous les esprits.

Les partis membres de cette coalition, les socialistes et l'AFP, s'attendaient à cette dissolution, car le parti de Macky Sall, l'APR, avait déjà approché les libéraux pour une nouvelle alliance, mais aussi, parce que Macky Sall vit désormais au Maroc et ne semble pas prêt à revenir au Sénégal.

Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff

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