05-11-2025 00:00 - Sahara marocain: des partis mauritaniens saluent la décision de l’ONU

 

Sahara marocain: des partis mauritaniens saluent la décision de l’ONU

H24 INFO - Plusieurs formations politiques mauritaniennes ont accueilli favorablement la récente résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara, qui appelle à reprendre les négociations sur la base de la proposition marocaine d’autonomie.

Une dynamique qui traduit, selon les observateurs, la volonté croissante de Nouakchott de tourner la page d’un dossier sensible, longtemps source de dilemmes diplomatiques et de pressions régionales et de s’ouvrir sur les opportunités qu’offre le partenariat avec le Maroc.

La première réaction d’une personnalité politique mauritanienne était celle de la présidente du parti Namaa, Zeinabou Taghi, qui a salué une décision « porteuse d’espoir » pour la région, estimant que le plan d’autonomie marocain représente la solution la plus réaliste et applicable.

« Sa mise en œuvre permettrait à la région maghrébine de sortir d’une impasse prolongée et d’affronter les défis économiques, sociaux et environnementaux », a-t-elle déclaré à l’agence MAP.

De son côté, le vice-président du parti d’opposition Sawab, Ahmed O. Oubeïd, a souligné l’importance du texte onusien pour la relance de l’Union du Maghreb arabe, estimant que « la stabilité du Sahara constitue une condition sine qua non pour réactiver un projet maghrébin paralysé depuis des décennies ».

Un repositionnement stratégique de la Mauritanie

Pour Salek Rahal, porte-parole officiel du Mouvement Sahraouis pour la paix, favorable à l’initiative marocaine, la Mauritanie figure parmi les grands bénéficiaires de la nouvelle dynamique diplomatique: « Le soutien explicite du Conseil de sécurité au plan d’autonomie permettra à Nouakchott d’interdire légalement aux milices du Polisario de transiter sur son territoire pour attaquer le mur de défense marocain », a-t-il relevé.

Le militant estime que cette évolution facilitera la réouverture du corridor international reliant Es-Smara au Maroc à Bir Moghrein en Mauritanie et accélérera la conclusion d’accords stratégiques entre Rabat et Nouakchott, notamment en matière de délimitation des frontières maritimes et terrestres.

Elle ouvrirait aussi la voie, selon lui, à une coopération hispano-marocaine autour de l’exploitation conjointe du mont Tropic, au large de Dakhla.

Intérêts économiques convergents

Pour la Mauritanie, dont les marchés dépendent en grande partie des exportations agricoles marocaines, la stabilisation du Sahara est un enjeu vital. L’épisode du blocage du passage d’El Guerguerat en 2020 par le Polisario avait entraîné une pénurie majeure de produits marocains, jusqu’à l’intervention des Forces armées royales (FAR) pour libérer définitivement le corridor.

Ainsi, loin de la traditionnelle neutralité prudente, les signaux en provenance de Nouakchott révèlent une inflexion politique notable, marquant un rapprochement stratégique avec Rabat, au moment où la communauté internationale semble entériner la marocanité du Sahara.

Entre prudence diplomatique et opportunités géostratégiques

Bien que la dernière résolution du Conseil de sécurité intervienne à un moment délicat pour la Mauritanie, elle reste porteuse d’opportunités concrètes, soulignent des sources mauritaniennes.

D’un côté, le climat diplomatique renouvelé devrait alléger les pressions politiques et médiatiques pesant sur Nouakchott, lui permettant de préserver son traditionnel équilibre de neutralité tout en jouant un rôle de médiateur constructif entre les différentes parties concernées par le dossier du Sahara.

De l’autre, la stabilisation de la frontière nord renforcerait la sécurité intérieure, en particulier dans les zones limitrophes du Sahara marocain, et relancerait les échanges commerciaux à travers le poste frontalier d’El Guerguerat, véritable poumon économique reliant la Mauritanie au Maroc et à l’Afrique de l’Ouest.

Vers une approche régionale plus pragmatique

Sur le plan régional, la reconnaissance par le Conseil de sécurité de la pertinence du plan d’autonomie marocain consolide une approche fondée sur les solutions politiques réalistes pour résoudre les conflits dans la région du Sahel, peut-on lire sur la plateforme mauritanienne Aqlam (Plumes libres).

Elle traduit aussi une conviction partagée : la stabilité est désormais une condition préalable au développement et à la sécurité. Ce contexte plus apaisé pourrait permettre aux États du Sahel de recentrer leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme et sur le renforcement de l’intégration économique, au lieu de s’enliser dans des crises frontalières ou politiques prolongées, poursuit la même source.

Perspectives prometteuses

Sur le plan économique, cette dynamique ouvre la voie à de nouveaux projets d’interconnexion terrestre, portuaire et énergétique, tels que la route atlantique reliant Dakhla, Nouakchott et Dakar, ou encore des corridors énergétiques renforçant les échanges régionaux.

La Mauritanie pourrait ainsi consolider son rôle de carrefour stratégique pour le transit des biens et de l’énergie vers le cœur du continent africain. Et dans un horizon plus large, tout rapprochement entre le Maroc et l’Algérie contribuerait à façonner un espace maghrébin plus équilibré et intégré, favorable à la stabilité et à la prospérité de l’ensemble de la région.

Par Marouane Tabet

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